Portraits Être femme et diriger une entreprise de fabrication d’équipements pour cuisines professionnelles, de distribution de produits pour le CHR ou d’installation, constitue encore aujourd’hui un véritable challenge dans un univers où, historiquement, les hommes dominent le marché ! Focus sur cinq d’entre elles.

Héritières ou non d’une entreprise familiale, entrepreneuses dans l’âme et managers hors pair, leur réussite est d’autant plus grande qu’elles sont parvenues à allier une vie professionnelle trépidante à leur vie de femme et, pour la plupart, de mère de famille. Néanmoins, aucune de celles que nous avons rencontrées n’a de regrets. Elles assument leur genre avec philosophie et sérénité. Voici cinq portraits de celles qui ont accepté de nous répondre.

 

 

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Caroline Ragueneau - Ragueneau SAS

Héritière de l’entreprise familiale fondée par son grand-père Jean, puis gérée par son père Loïc Ragueneau, Caroline Ragueneau ( 42 ans ) est aux commandes de l’entreprise en tant que P.-D.G. depuis 9 ans avec son frère Adrien. Mais en réalité elle a rejoint la société en 2005 en tant que commerciale puis s’est consacrée au suivi de chantiers. Plus tard, son rôle de maman - deux filles de 11 et 14 ans - l’a poussé dans un registre plus sédentaire avec la gestion des achats et la logistique chantier. « Ces différents postes m’ont permis d’acquérir une vision transversale du métier et de mon entreprise. C’est en 2013 que j’ai commencé à prendre de plus larges responsabilités. Aujourd’hui, ces 17 ans d’expérience dans le monde de la cuisine professionnelle me permettent de m’épanouir dans la gestion et l’organisation de mes équipes, la relation humaine étant au cœur de mes préoccupations. J’ai plaisir à représenter mon entreprise au sein de la profession et également en tant que membre du conseil d’administration du GIF » dit-elle. Très organisée, elle reconnaît que le travail tient une place très importante dans sa vie, « mais jamais au détriment du bien-être de ma famille ». Comment voit-elle son statut de femme dans cet univers masculin ? « Quand j’ai débuté j’ai un peu ressenti une appréhension vis-à-vis de mon statut de femme, mais surtout de fille de...”. Mais la profession et mes collaborateurs ont toujours usé de bienveillance à mon égard et si j’ai pu être déstabilisée lors de certaines réunions de chantier, je m’aperçois aujourd’hui que les femmes sont de plus en plus nombreuses dans notre métier. Que l’on soit homme ou femme, finalement les gens retiennent les compétences professionnelles et l’implication que l’on consacre à son métier ». Ragueneau SAS compte une quarantaine de collaborateurs dont 20 % de femmes.

 

Virginie Niel - LCI Lobry & Emilie Niel - Serafec

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« Je suis fière d’être une femme dans cet univers masculin et ce n’est ni un handicap, ni un atout même si on attend peut-être plus de compétence de notre part, surtout sur le plan technique » reconnaît Émilie tandis que Virginie considère que son statut de femme chef d’entreprise n’est pas différent de celui d’un homme, mais « pour travailler dans un milieu essentiellement masculin, il faut travailler dur pour s’y faire une place. Heureusement, il y a de plus en plus de femmes qui arrivent dans les métiers techniques, ce qui contribue à lisser les différences. Je le constate au niveau des réunions de chantier qui était à mes débuts uniquement masculines ! ». Mères de famille, avec deux filles de 19 et 22 ans pour Virginie et une fille de 4 ans pour Émilie, elles doivent aussi manager près de 50 collaborateurs dans leurs deux entreprises.“Notre intérêt pour les relations humaines, plus important me semble-t-il chez une femme que chez un homme, nous aide probablement“ conclut Virginie.

 

 

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Sophie Calisesi - LMH (Lorraine Machines Hôtelière)

« Je suis entrée dans l’entreprise familiale à 26 ans où j’ai d’abord travaillé en tant que commerciale puis très vite j’ai développé des partenariats avec les collectivités et j’ai pris en main les grands comptes.Ce parcours m’a amené à intégrer le bureau d’études, à réaliser des plans de réservation et à participer aux réunions de chantier, du suivi jusqu’à leur réception » raconte Sophie Calisesi (48 ans). En 2008, elle prend les rênes de l’entreprise tout en continuant à suivre les chantiers car ce qu’elle préfère ce sont les relations commerciales et techniques avec ses clients et les maîtres d’œuvre. Depuis 12 ans elle s’implique aussi dans des commissions au sein du groupement auquel elle adhère, « une expérience qui m’a fortement enrichie professionnellement » dit-elle. Être une femme dans cet univers qu’elle qualifie volontiers de « machiste » a été un vrai handicap lorsqu’elle a débuté, « du fait de ma jeune expérience » analyse-t-elle, mais elle considère qu’aujourd’hui c’est plutôt un atout « tant avec mes employés qu’avec mes clients ». Mère d’un garçon de 18 ans, elle avoue avoir eu du mal à concilier sa vie personnelle avec ses obligations professionnelles : « les semaines de travail sont très chargées, les déplacements nombreux et quand les enfants sont jeunes c’est très compliqué ». Aujourd’hui elle fait en sorte de ne plus travailler le week-end pour consacrer du temps à sa famille et à ses amis.

 

 

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Bénédicte Compère - Metos France

Elle dirige Metos France depuis 2006, la filiale française de l’entreprise finlandaise entrée dans le giron du groupe ALI. Formée à l’École Hôtelière de Saint-Nazaire puis à l’Essec (IMIH), Bénédicte ­Compère (47 ans) connaît bien l’univers du Foodservice pour y avoir travaillé durant sa formation. Parfaitement bilingue, elle est aussi mère de famille de deux enfants de 11 et 9 ans. « Pour parvenir à tout gérer, il faut être bien entouré et faire en sorte que les tâches du quotidien soient le plus partagées possible. Mais finalement c’est valable pour toutes les femmes qui travaillent, ce n’est pas propre à notre domaine d’activité ! ». Pour elle, « la curiosité est l’une des qualités essentielles de ce métier. Il faut s’intéresser à cet univers, se former dans les usines, essayer de comprendre les attentes et faire preuve parfois d’ingéniosité pour trouver des solutions… ». En France elle manage plus d’une dizaine de personnes et considère qu’être une femme dans cet univers n’a jamais été un handicap. « Au contraire » dit-elle avec le sourire, « nous sommes tellement rares que l’on nous ­identifie immédiatement » ! NR

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