À Montrouge (92), l’éco-campus du groupe Crédit Agricole S.A. regroupe depuis 2010 toutes les filiales de l’institution bancaire. Le site vient de mettre en place un composteur 100 % Made in France pour traiter in situ ses biodéchets et réaliser ainsi de conséquentes économies.

Evergreen, site tertiaire au nom prédestiné, est une ville dans la ville. Avec son parc de 4 ha, 200 000 m2 de bureaux, il représente à lui seul 3 % de la surface totale de Montrouge. Le site compte 6 restaurants et 6 cafétérias – gérés actuellement par Compass - pour restaurer les 8 500 collaborateurs qui travaillent sur le site. Aux commandes de ce site gigantesque, Gaëtan Godefroid, Responsable du pôle Evergreen, Pilotage Facilty Management, vient de mettre en place un composteur pour traiter ses biodéchets. « Chaque jour, nous générons 160 kg de déchets alimentaires. Ils sont actuellement enlevés par Bionerval pour alimenter la filière méthanisation mais avec les espaces verts dont nous disposons, nous trouvions que c’était moins vertueux qu’un retraitement circulaire et bien entendu moins coûteux » explique-t-il. Selon ses prévisions, le composteur sera amorti en deux ans maximum.

 

92120EOLEETPAVILLONDACCUEILVUE-Yohan-AERINENNE59.JPG
Yohan pour Credit Agricole
L’éco-campus du groupe bancaire regroupe depuis 2010 toutes les filiales sur un site à Montrouge (92)

 

 

Il faut dire que le campus a été conçu dès le départ avec une vision environnementale particulièrement poussée, « dans une logique d’anticipation de la réglementation et de progrès continu » souligne Gaëtan Godefroid. Une démarche initiée et mise en œuvre par Crédit Agricole Immobilier qui a occupé un rôle central dans le projet d’aménagement et d’emménagement de Crédit Agricole S.A. et de ses filiales au sein d’Evergreen. En janvier 2016, les bâtiments Aqua, Terra, Lumen et le Forum ont vu leur certification HQE® Exploitation (Haute Qualité Environnement) renouvelée avec des niveaux de profil améliorés. En septembre 2017, le bâtiment Ignis a été certifié BBC Rénovation et en janvier 2020, Evergreen a été l’un des premiers sites français à obtenir le label BiodiverCity® Life, distinguant la prise en compte de la biodiversité sur un site en exploitation.
En parallèle, le site dispose d’un centre de prétraitement des déchets où sont triées l’ensemble des poubelles du site déjà aguerri au tri cinq flux dans tous les locaux. « Nous devions prendre en compte les biodéchets pour boucler la démarche car le compost est un piège à carbone très efficace dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et avec nos espaces verts, cela nous est apparu comme une évidence » raconte le facility manager. Après avoir comparé les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché, le choix s’est porté sur un composteur Upcycle, une jeune entreprise qui s’est spécialisée dans le compostage électromécanique et qui dispose depuis 2021 de sa propre usine de fabrication à Rodez dans l’Aveyron.

 

Une mise en œuvre étape par étape

Evergreen_Illustration-88.jpg
Crédit Agricole
Les biodéchets sont récupérés sur deux restaurants pour le moment, le Forum et Mistral qui produisent à eux deux 1800 couverts/jours

 

SILVAES1166-Alzain-Goulard.jpg

 

Implanter un composteur nécessite de procéder par étapes. C’est ce qui est en cours actuellement sur le campus. Evergreen est accompagné par Upcycle pour suivre pas à pas la réalisation du compost. « Nous avons formé trois personnes à l’utilisation de la machine, une de l’interne, une de notre prestataire GSF qui est chargé de récupérer les poubelles et une des Jardins de Gally qui entretient nos espaces verts ». Car le compost doit se préparer avec soin : « il se compose en général de 2/3 de déchets alimentaires et d’1/3 de broyat de bois » explique Maëlle Joulin, Directrice marketing et communication d’Upcycle, « et pour habituer la machine, il faut commencer par ne traiter que les déchets alimentaires végétaux. Un composteur c’est comme un estomac de bébé, il faut l’habituer progressivement à digérer les différents biodéchets ». Sur Evergreen, seuls deux restaurants – Forum 1 000 couvert/jours et Mistral 800 couverts/jour - approvisionnent pour le moment le composteur en biodéchets végétaux, soit environ 2 fois 80 kg par semaine en deux apports par semaine. Très prochainement, le site passera au double sur trois jours par semaine. « Et l’objectif c’est qu’à terme, on puisse aussi introduire les biodéchets animaux » indique Gaëtan Godefroid qui précise que le broyat de bois provient bien entendu du site. Les premières récoltes de compost sont actuellement en maturation durant 8 semaines – période où l’on prélève aussi des échantillons pour s’assurer de sa bonne composition - et seront ensuite utilisées sur le site mais aussi distribuées aux salariés qui souhaiteraient en récupérer. Car, toute la démarche s’est accompagnée d’une information régulière auprès des collaborateurs.

 

Une machine toute simple…

IMG_5923.jpeg
N.Rioux
Les composteurs d'Upcycle permettent de composter de 25 kg à 350 kg de biodéchets par jour.

 

IMG_5926.jpeg
N.Rioux
Les premières récoltes de compost sont actuellement en maturation durant 8 semaines et seront ensuite utilisées sur le site mais aussi distribuées aux salariés

 

IMG_5921.jpeg
N.Rioux
Toutes les 2 heures, les pales brassent la matière et assurent son oxygénation de manière à optimiser le travail des bactéries naturellement présentes dans les biodéchets.

 

La gamme Demeterra conçue par Upcycle permet de composter de 25 kg à 350 kg de biodéchets par jour. Elle est le fruit des 4 années d’expérience d’Upcycle en compostage micro-industriel et a pour vocation de rendre le compostage sur site simple et accessible. De forme extérieure cubique, le composteur d’Upcycle est une cuve munie de pales qui se trouvent cachées sous la structure. Toutes les 2 heures, les pales brassent la matière et assurent son oxygénation de manière à optimiser le travail des bactéries naturellement présentes dans les biodéchets. De l’air est extrait en permanence pour permettre une bonne respiration des bactéries et une isolation garde le tout bien au chaud. Car un composteur électromécanique, n’est rien d’autre qu’un réacteur à bactéries thermophiles, celles qui compostent le plus vite la matière organique. Le procédé est 32 fois plus rapide qu’un composteur froid, comme ceux des jardins des particuliers. Le brassage permet une parfaite homogénéité du compost. Mais le composteur d’Upcycle va plus loin puisqu’il intègre un outil de traçabilité des matières et des températures et une balance qui permet de peser les déchets avant leur introduction.

IMG_5922.jpeg
N.Rioux
Le composteur intègre un outil de traçabilité des matières et des températures et une balance qui permet de peser les déchets avant leur introduction. Des programmes spécifiques sont également disponibles pour accélérer ou ralentir le processus en cas de pic ou de baisse d’activité (vacances).

 

Des programmes spécifiques sont également disponibles pour accélérer ou ralentir le processus en cas de pic ou de baisse d’activité (vacances). Upcycle gère actuellement en France un parc 80 machines et se déploie déjà en Europe, en Suisse et au Benelux. Et comme dès le 1er janvier 2024, c’est l’ensemble des biodéchets et des huiles usagées qui devra faire l’objet d’une collecte séparée pour être valorisé, nul doute que l’entreprise a de beaux jours devant elle !

La valorisation des biodéchets

Les biodéchets représentent environ 30 % de nos poubelles. Les trier à la source est la meilleure manière d’obtenir un tri de qualité, c’est-à-dire exempt de plastique ou d’autres polluants. En restauration, il est nécessaire de sensibiliser les équipes à la récupération de cette matière et les former pour qu’ils soient vigilants lorsqu’ils effectuent cette opération. 30 % à 60 % du coût des ordures sont liés au prix de la collecte. Collectés par camions les biodéchets peuvent parcourir des centaines de km en générant nuisances et pollution. En l’absence de collecte en camion la valorisation des biodéchets a une empreinte carbone largement diminuée surtout lorsque le compost est utilisé In Situ. À l’heure de la RSE et des recherches d’économies, composter s’avère une piste à explorer !

 

">