Le regard de son Président, Laurent Sibille, sur l’évolution du marché…
Les 60 ans d’activité de Codigel auraient dû être célébrés au cours de ce mois de novembre. La situation sanitaire a empêché la fête initialement prévue en présence de nombreux clients, partenaires et amis… Mais elle n’a pas brisé l’optimisme de son président, Laurent Sibille, qui nous livre à l’occasion de cet anniversaire son regard sur l’évolution du marché.
60 ans déjà… Alors c’était mieux avant ?
Je n’ai pas l’habitude de regarder dans le rétroviseur ! Dans la vidéo que nous avons réalisé pour cet anniversaire nous rendons hommage à ma mère, Roselyne, qui a fondé la société en 1960. Il y a peu, elle me disait que mai 68 avait été tout aussi effroyable que ce que nous traversons actuellement. Il n’empêche que nous sommes en train de vivre un événement que personne ne pouvait prévoir et qui fragilise l’ensemble de notre marché. Pour autant, nous mettons tout en œuvre pour garder le cap et rester positifs même si depuis quelques semaines les prises de commandes baissent certaines semaines de plus de moitié et celles que nous avions en portefeuille sont très souvent différées. Heureusement, certains de nos produits ont la chance d’être plébiscités sur des marchés toujours en activité (ndlr : la GMS, le scolaire, les EHPAD, l’alimentaire ou la vente à emporter…). Notre entreprise familiale est agile et sait réagir vite, ce qui est aussi un atout dans le contexte actuel. Et comme nous avons toujours essayé de maintenir notre activité depuis le mois de mars, nos résultats ne nous permettront pas de bénéficier des mesures d’aide du gouvernement, hors chômage partiel, que les syndicats professionnels ont réussi à obtenir.
Quelle a été la recette Codigel pour se développer au cours des soixante dernières années ?
Lorsque je suis arrivée en 1986 pour prendre la direction de l’entreprise, nous faisions 16 millions de francs de chiffre d’affaires. En 2019 nous avons fait 20 millions d’euros. Si nous sommes parvenus à ces résultats c’est, je crois, parce que j’ai toujours privilégié la fidélité. Fidélité à nos usines – qui sont ensuite entrées au capital* -, fidélité à nos revendeurs, fidélité à nos clients… Nous avons souvent grandi ensemble. ITV qui s’est créée en 1983 était une toute petite entreprise lorsque nous avons référencé ses premiers produits. Coreco aussi, nous avions dû commencer avec 3 ou 4 références. Aujourd’hui notre catalogue en compte plusieurs centaines. Bien sûr les partenariats ne sont jamais un long fleuve tranquille mais le respect et la loyauté ont toujours dominé même lorsqu’on a pu avoir des désaccords. Avec les groupements d’installateurs, j’ai aussi toujours joué la carte gagnant-gagnant, et je pense avoir toujours gardé leur estime. Nous parlons le même langage car ce sont souvent des entreprises familiales comme la nôtre.
Qu’est-ce qui a changé depuis vos débuts ?
Énormément de choses. On a d’abord vu arriver des gros distributeurs comme Metro, puis des sites internet de vente en ligne, les frontières d’Europe ont sauté, les normes se sont renforcées, les groupements ont pris plus de poids, les bureaux d’études se sont structurés et sont aussi devenus des partenaires… Les changements qui s’opèrent actuellement ne m’inquiètent pas davantage. Le marché est en train de muter. Cette mue avait déjà commencé avant la crise, cette dernière n’a fait qu’accélérer le processus. Aujourd’hui, nous devons proposer de nouvelles solutions, mieux adaptées à ce qui est en train de se passer en restauration. La location pourrait faire partie de ces solutions. En revanche, il me semble que le SAV doit évoluer plus vite. Les machines sont de plus en plus complexes, avec beaucoup d’électronique, il faut des compétences, de meilleurs délais et on ne trouve pas forcément les hommes capables d’apporter un service exemplaire. Mais il faut aussi davantage former les clients sur cet aspect. Ce que nous avons commencé à faire. J’ai la chance d’avoir à mes côtés depuis 2008 la 3ème génération Sibille avec Mathieu et Thibaut. Ils sont jeunes et ont plein d’idées pour faire bouger les lignes… Pour aller de pair avec nos ambitions nous avons acheté de nouveaux locaux il y a deux ans à Ecquevilly (78) avec 5000 m2 de stockage et un stock de 3 millions d’€. En temps normal nous expédions 100 tonnes de matériels par mois. Vous voyez que Codigel est loin d’être une vieille dame ! Propos recueillis par Nelly Rioux
* Dans les années 80 ITV (machines à glaçons) et Coreco (Meubles froids entre autres) - en 1998 - sont entrés au capital de Codigel qui, de fait, est devenue la filiale française de ces deux usines.