C’est évidemment dans une ambiance inhabituelle que s’est tenue la dernière AG du Syneg à Paris. Pourtant, le président, Pierre Marcel, a courageusement montré que la filière de la cuisine pro était plus unie que jamais.

Le 16 septembre dernier, la presse et de nombreux acteurs de la cuisine professionnelle avaient été conviés au déjeuner qui clôturait l’assemblée générale du SYNEG. Un déjeuner où la distanciation avait été strictement respectée ce qui ne facilitait pas les échanges mais qui avait le mérite de réunir une filière qui, en ces temps de crise sanitaire, en a bien besoin. Le président Pierre Marcel, fidèle à sa feuille de route, a joué, une fois encore, la transparence, en révélant publiquement son rapport moral à l’ensemble de l’assistance. Un rapport, une fois n’est pas coutume, sans chiffres mais tourné sur l’actualité de ces derniers mois.

Aller de l’avant

« Notre assemblée générale est un moment de rassemblement suffisamment rare en cette période de distanciation pour en souligner toute l’importance : il donne corps à notre filière et nous rappelle à bon escient que c’est l’association de nos compétences et de nos énergies qui structure en grande partie la restauration hors domicile de notre pays. Merci à la presse professionnelle qui a pleinement joué son rôle d’information au cœur du confinement, contribuant ainsi à réduire l’isolement des acteurs du marché… » a-t-il déclaré en préambule. Il est ensuite revenu sur les quatre priorités qui se sont imposés au Syneg lorsque le confinement a été déclaré : créer du lien (groupe What’sApp, communiqué de presse appelant à la poursuite de l’activité etc.), informer et fournir des solutions (fourniture de 10000 masques, ouverture d’un centre de ressources vérifiées…), documenter la crise (mise en place de sondages et enquêtes pour obtenir des chiffres fiables…) et enfin influer sur la décision publique avec la FIM, le CINOV, le SNEFCCA et UNACPRO pour que les chantiers reprennent mais aussi pour alerter le ministre de l’économie sur les agissements de certaines sociétés de restauration collective. En parrallèle, le Syneg tente encore de faire reconnaître la forte dépendance des fabricants dans le plan de soutien renforcé à la restauration. « Le Syneg est maintenant entré dans un 5ème temps, celui de l’accompagnement à la reprise de l’activité » a poursuivi le président. « Nous avons relancé tous nos projets mis en pause au mois de mars : marque SYNEG/BIM, nouveau Guide de la maintenance préventive, mise en œuvre de la loi anti-gaspillage, nouveaux Trophées Valo Resto Pro, webinars exports, certification CFSP etc. La bonne conduite de ces projets est d’autant plus importante qu’ils s’inscrivent dans les thématiques du plan de relance du gouvernement : transition écologique, digitalisation de l’économie, formation… Nous devons aider nos entreprises adhérentes à se mettre en position favorable pour capter la reprise à venir… Nous devons avoir confiance dans la solidité de nos fondamentaux, la restauration hors-domicile mais nous devons aussi accompagner ses modifications structurelles introduites ou accélérée par la crise : télétravail, take away, livraison, click &collect, dark kitchen etc. … ». Une ombre au tableau : l’annulation d’EquipHotel La réunion s’est poursuivie avec l’annonce par Béatrice Gravier, Directrice de la Division Hospitality & Food de Reed Expositions France, de l’annulation du salon EquipHotel qui devait se tenir du 15 au 19 novembre prochains. Les rumeurs allaient bon train depuis quelques jours et finalement cette annulation est apparue pour beaucoup comme un soulagement. (Lire aussi notre article) Des acteurs unis pour faire face à la crise Après un hommage appuyé à Jean-Pierre Levi, UNIC, qui quittera ses fonctions le 1er octobre pour une retraite bien méritée (Lire notre post à ce sujet), les acteurs de la filière grande cuisine invités pour l’occasion ont pris tour à tour la parole. Du côté des installateurs, Jean-Bernard Labruquère, président d’UNICPRO, s’est notamment exprimé sur la décision du GIF d’exclure de son nouveau référencement triennal les fabrications Made in China de ses fournisseurs, rappelant que cette décision intervient aussi « pour favoriser les fabricants de matériel français et européens fragilisés par la crise et maintenir une chaîne de production et de distribution européenne… ». Thibault Evain, vice-président de la commission cuisine du Snefcca, a rappelé que le syndicat des installateurs et sa commission dédiée à la cuisine professionnelle n’avaient pas non plus ménagé leurs efforts au cœur de la crise pour accompagner les adhérents. « Nos travaux et nos efforts se poursuivent pour que la reprise soit là le plus vite possible… ». Olivier Béguier, Président du réseau Eurochef a réagit à propos de l'annulation d'EquipHotel et a suggéré aux industriels d'inventer des nouveaux modèles de rencontres et d'exposition : "en province, totalement orientées sur le matériel, là où nous avons nos entreprises. Nous pouvons travailler ensemble pour faire connaître vos produits aux restaurateurs". Les bureaux d’études n’avaient pas non plus été oubliés puisque Denis Daveine (trésorier) représentait le FCSI France et Marc Grandmougin (Président) Resto France Expert. Ils ont chacun rappelé qu’ils représentaient un maillon essentiel de la chaîne de valeur des cuisines professionnelles et que la filière pouvait compter sur eux pour apporter leur expertise dans de nombreux dossiers et domaines. La réunion s'est achevée avec une conférence de Dan Cebula, fondateur du concept Depur (Drôle d'endroit pour une rencontre) et de Depur Consulting qui travaille avec les foncières pour les aider à réinventer leurs modèles. Le thème portait sur les Food Court, Food Hall et Food Market, des lieux bien mis à mal par la crise sanitaire mais qui s'inscrivaient jusqu'ici dans les mutations de la restauration. Parviendront-ils dans le futur à tirer leur épingle du jeu ? Si l'ex-trader semblait en être convaincu, pour notre part nous sommes un peu resté sur notre faim !