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A l’occasion de la 8ème convention du Groupement des Installateurs français (GIF), Pierre Marcel, Président du Syneg, a évoqué les vents favorables et contraires qui soufflent sur la reprise tant attendue.

Toujours très factuel et concis, Pierre Marcel, Président du SYNEG, a évoqué les forces et les faiblesses qui dessinent la reprise d'ores et déjà engagée depuis le mois de mars.

« Nous avons identifié plusieurs vents favorables à cette reprise. Si l’on doit parler du marché qui nous intéresse, il y a de nombreux signaux encourageants. Tout d’abord, le nombre de dépôt de bilan des restaurants est à un niveau historiquement faible. En 2020 il a même été inférieur à 2019. Le secteur a été très subventionné. C’est la contrepartie des fermetures administratives prolongées et le résultat d’un lobbying très efficace d’une profession de passionnés. Et puis au pire, un restaurant qui ferme est toujours remplacé par un autre restaurateur qui doit investir en matériel de salle ou de cuisine pour mettre en place son concept. C'est ce qui compte pour nous, installateurs-agenceurs ou équipementier. Et souvenons-nous qu’avant la crise, environ 15% des restaurants déposaient le bilan chaque année, soit plus d’1 sur 7. Ensuite, le rythme d’ouverture des restaurants est supérieur au taux de croissance du chiffre d’affaires du secteur CHR. Le parc ne cesse d’augmenter. En 2020, le nombre de restaurants a même augmenté de 0.4% selon la dernière étude de Gira Foodservice. Beaucoup d'argent est disponible dans les fonds d’investissement pour s'investir en CHR, tout est une question de confiance à retrouver. Au niveau de la demande, une sur-épargne de 100 à 200 Mds €, soit plus que le plan de relance de la France sur 2 ans, ne demande qu'à reprendre le chemin de la consommation, comme au 3ème trimestre 2020, mais seulement si la confiance revient. Les facteurs sociologiques sont favorables au secteur CHR : les moins de 40 ans cuisinent moins et mangent plus de repas préparés à l'extérieur. La part de la prise de repas en extérieur est encore faible en France et laisse une marge de développement : 1 repas sur 7 environ est pris hors du domicile en France contre 1 sur 3 au Royaume-Unis et 1 sur 5 en Allemagne.  A tout cela, il faut ajouter que la vaccination crée un impact psychologique fort (à défaut d'un impact sanitaire rapide) propice à la reprise de la confiance. Et puis n’oublions pas les investissements publics en restauration. Ils restent élevés car c’est un sujet politiquement très sensible pour un élu.  Ces budgets sont le résultat d’arbitrages, souvent en faveur du scolaire et parfois au détriment d’autres secteurs. Que préfèrent les citoyens ?  De nouveaux rond- points, des rocades routières ou la réfection des cantines des collèges du Département ?

Face à ces nombreux facteurs favorables à nos marchés, il y a néanmoins des vents contraires et même des turbulences, j’en ai identifié 4 :

1 -Le manque de personnel qualifié sera LE sujet de la reprise. La France n’a pas un chômage de « masse » mais un manque de formation « de masse »…  60% des chômeurs n’ont pas le BAC en France sachant que pourtant 88% des candidats l’ont eu en 2019. C’est un sujet partagé par les installateurs, les industriels, les restaurateurs.

2 - Les lieux de prise de repas vont en partie changer. En particulier ceux des centres d’affaires vers le domicile des salariés grâce à la livraison.  Cette commande de repas hors domicile ne va pas disparaître mais va se déplacer ailleurs…

3 - Autre grosse turbulence, l’inflation des coûts d’approvisionnement industriels avec des hausses inédites depuis la crise du nickel de 2007, accompagnée cette année de pénuries de nombreuses matières premières ce qui n’était pas le cas en 2007. La disponibilité des équipements de cuisine en souffre déjà.

4 - Dernier point noir : l’inflation réglementaire ininterrompue ; la multiplication des contraintes administratives qui nous détourne de la création de valeur, du développement de nos entreprises. Les administrations centrales sont obsédées par le contrôle, la contrainte ; au détriment de la production de service au public. C’est pourtant ce que nous attendons du service public.  J’aimerais d’ailleurs conclure avec cette citation de Georges Pompidou que vous connaissez probablement partiellement : « Mais arrêtez donc d'emmerder les Français !  Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays ! On en crève ! Laissez-les vivre un peu et vous verrez que tout ira mieux ! Foutez-leur la paix !

Alors, dans ce contexte, quelle est la mission des équipementiers du SYNEG ?

Tous nos adhérents sont des industriels fabricants. Déjà et très simplement, les équipementiers doivent répondre à vos attentes et celles de vos clients utilisateurs :

  1. L’équipement doit assurer la fonction attendue, sous risque d’un défaut pour vice caché, sans limitation de durée de garantie.
  2. L’équipement doit être rapidement disponible. Ce critère intervient souvent devant le prix dans les enquêtes de motivation d’achat.
  3. L’ergonomie et la sécurité des techniciens d’installation et des utilisateurs doivent être assurées
  4. L’efficacité énergétique : les règlementations de l’Europe vont imposer des critères de performance très exigeants
  5. Enfin, nous devons être en capacité de proposer des innovations techniques et de service.

En synthèse, il y a une reprise, c’est certain ; les équipementiers tiendront leur rôle dans cet élan.

Nous avons tous beaucoup de chance de travailler dans un secteur d’activité structurellement en croissance, avec des innovations permanentes.  Aujourd'hui, nous nous retrouvons tous enfin, tous ensemble, à l’initiative du GIF ! Bref,  que du bonheur ! Je vous remercie pour votre attention ».