Un décret sur les réquisitions des stocks de masques de protection contre la diffusion du coronavirus, épidémie qui menace de s'ancrer dans la durée en France, a été publié le 04 mars au Journal officiel. Des questions – bien légitimes – se posent en cuisine centrale.

Les masques anti-projections et haute filtration vont être mobilisés "eu égard à la nature de la situation sanitaire et afin d'en assurer un accès prioritaire aux professionnels de santé et aux patients dans le cadre de la lutte contre le virus covid-19", indique le texte du décret qui vient d’être publié suite à l’épidémie de Covid-19. Et ce jusqu'au 31 mai 2020. Les fournisseurs de masques ne sont d’ores et déjà plus en mesure de livrer leurs clients. « Il nous reste encore un peu de stock pour les masques simples mais pour les modèles FFP c’est fini. Nous n’en avons plus et nous ne savons pas quand nous serons livrés » nous confie-t-on chez Sanipousse, spécialiste des produits d’hygiène. Alors comment faut-il s’organiser en cuisine centrale où leur port est généralement obligatoire ? Tout d’abord il faut bien discerner les différents masques. En cuisine centrale, les masques jetables simples à 2 ou 3 plis sont principalement utilisés. Tandis que les masques à très haute filtration jetables (ndlr : FFP1, FFP2 et FFP3 qui disposent d’un taux de filtration de 80 à 98% selon le modèle et qui bénéficient de taux de fuite de 22 à 2% maximum) le sont rarement sauf lorsqu’il y a des opérations de nettoyages avec de fortes émanations. Faire preuve de bon sens ! Pour Jean-Philippe Claude, docteur vétérinaire expert HACCP de la société Vethyqua, « s’il y a une pénurie, il faudra faire preuve de bon sens. Certaines zones de la cuisine centrale ne nécessitent pas le port d’un masque : zone de livraison, déconditionnement des produits secs, zone cuisson… A condition cependant que les opérateurs aient mis en place des bonnes pratiques d’hygiène sur lesquelles la vigilance s’impose particulièrement en ce moment (lavage des mains rigoureux, port de gants si nécessaire…) et surtout en s’interdisant de parler au-dessus des préparations. Les postillons doivent être évités et, il faut malheureusement toujours le répéter, on ne doit ni boire ni manger en cuisine ! En revanche, le masque doit être maintenu en zone de déconditionnement des produits frais, en zone de préparations froides, en zone de tranchage et transformation des légumes (râpage), en zone de conditionnement et en zone d’allotissement si on a des produits non scellés (bacs gastro). En revanche, les denrées scellées et celles non protégées mais stables (pain, fruits…) ne nécessitent pas que l’opérateur porte un masque. Inutile aussi d’en porter lors des opérations de nettoyage classique ou en plonge ». La mise en place de ces consignes et une sensibilisation des opérateurs sur le fait de ne pas gaspiller les masques devraient permettre la poursuite des tâches en cuisine centrale durant plusieurs semaines. Mais pourra-t-on s’en passer totalement ? « La sécurité des aliments est une chaîne multifactorielle d’éléments dont le port du masque n’est qu’une composante. De là à dire que l’on peut s’en passer ? C’est impossible de l’affirmer mais disons que son absence n’empêche pas une production saine et de qualité… » conclut Jean-Philippe Claude.