Face au cataclysme qui s’est abattu sur le monde depuis quelques semaines, la filière cuisine pro, fortement impactée par la fermeture des établissements de restauration et des chantiers, tente de s’organiser avec méthode et solidarité.

Dès l’annonce de la fermeture des établissements d’enseignement puis des commerces non essentiels, le SYNEG a mesuré l’ampleur de la catastrophe qui s’annonçait pour ses adhérents et l’ensemble de la filière, installateurs et bureaux d’études cuisine. Le syndicat a immédiatement pris des dispositions pour renforcer les échanges entre adhérents et partenaires. « Il s’agissait de nos clients ! » soupire Pierre Marcel, Président du SYNEG, qui, avec André-Pierre Doucet, secrétaire général, a déployé sans attendre un plan de soutien aux entreprises adhérentes pour favoriser les échanges et trier les informations utiles. « On a fait le choix d’être très sélectif sur les informations car au début, on entendait ou on lisait des choses très contradictoires. Nous n’avons donc mis en ligne que des documents utiles et vérifiés qui concernaient directement le secteur » explique ce dernier. Dès la première semaine, le syndicat a mis en place un sondage quotidien très rapide pour mesurer les conséquences de la crise sanitaire sur les entreprises du secteur. « De quotidien il va maintenant passer à une cadence bi-hebdomadaire car après une situation extrêmement dégradée il semble que nous rentrions dans une phase de stabilisation. Et désormaist nous voulons continuer à suivre la situation sans trop solliciter les adhérents qui ont beaucoup à faire dans le contexte actuel » commente le secrétaire général. Au 24 mars, 60% des entreprises adhérentes confirmaient maintenir une activité de production contre 40% qui annonçaient être totalement fermées, des chiffres qui concernent tous les secteurs de fabrication (cuisson, lavage, préparation etc.). Les entreprises ayant choisi la fermeture ont invoqué plusieurs raisons et plus particulièrement : l’écroulement des commandes, la fermeture des chantiers ou encore l’impossibilité de livrer. En outre, le SYNEG a créé un groupe WatsApp pour communiquer en temps réel avec ses adhérents et a organisé des Conférences virtuelles avec une avocate spécialisée en droit du travail pour expliquer en particulier comment mettre en place le chômage partiel. Chaque entreprise pouvait poser ses questions en direct. « Nous avons informé en particulier sur le dispositif des prêts garantis par l’état qui nous semble être un dispositif très puissant pour maintenir à flot la trésorerie des entreprises. Notre rôle est de relayer toutes les mesures de soutien et d’accompagner nos adhérents tout au long de cette crise. Car il ne faut pas oublier qu’il y a encore de nombreux secteurs qui ont besoin de nous : le secteur de la santé et du sanitaire-social, la GMS, les métiers de bouches et certaines cuisines dédiées à la livraison. Mais pour les aider il faut oser sortir et poursuivre nos activités » martèle le président. Aussi, c’est d’une seule voix que toute la filière de la cuisine professionnelle vient de lancer un appel aux entreprises qui constituent ce marché pour qu’elles œuvrent toutes dans le même sens en se mobilisant pour permettre aux cuisines et aux blanchisseries des secteurs essentiels à la vie de la nation de continuer à fonctionner. Un communiqué de presse commun à toute la filière cuisine pro En quelques jours, le président du SYNEG a fédéré autour d’un communiqué de presse co-signé par tous les représentants de la filière - fabricants bien sûr mais également le SNEFCCA et UNACPRO pour les installateurs, et CINOV, FCSI France et RFE pour les bureaux d’études – l’implication et la volonté de chacun pour que l’activité économique du secteur puisse être maintenue. Nous vous en livrons ici le contenu de ce Communiqué de Presse en intégralité et en avant-première : « L'épidémie de Covid-19 représente une situation inédite pour nos concitoyens, nos modes de vie et notre économie. Priorité absolue doit être donnée à la préservation de la santé de la population et à l’endiguement de l’épidémie. Nos organisations professionnelles, représentant l’industrie, l’ingénierie et la maintenance des équipements de la restauration hors-domicile & de la blanchisserie, saluent l’engagement exceptionnel de tous ceux qui luttent courageusement pour soigner les malades et ralentir la propagation de l’épidémie. De même, nous rendons hommage aux personnels des entreprises et administrations qui assurent une continuité de service vitale pour le fonctionnement du pays. Une vague d’émotion et d’inquiétude, partagée tant par les salariés que par les dirigeants d’entreprises, a contraint nombre d’entreprises à ralentir, voire à cesser leurs activités. Ces fermetures, partielles ou totales, en dehors de toute injonction administrative, sont compréhensibles, voire nécessaires dans un premier temps, compte-tenu de l’annonce soudaine des premières mesures de confinement qui ont créé une brutale prise de conscience de la gravité de la situation sanitaire. En tant qu’employeurs, indépendants ou artisans, nous sommes fondamentalement attachés au droit de tous de travailler en sécurité. Il est aussi essentiel que la vie économique du pays, durement éprouvée par les circonstances, puisse être maintenue dans des proportions raisonnables pour les incontournables besoins immédiats, et progressivement restaurée dans la perspective de la résolution de la crise sanitaire. Nos professions conçoivent, fabriquent, distribuent, installent, maintiennent et remplacent les équipements et pièces détachées indispensables à la production et à la distribution de millions de repas quotidiens. Aujourd’hui encore, des cuisines professionnelles continuent de fonctionner pour servir tous les jours des repas aux personnels mobilisés dans la lutte contre le Covid-19, ainsi qu’aux personnels, malades, pensionnaires, résidents des hôpitaux, entreprises stratégiques, casernes, administrations, EHPAD, centres pénitentiaires, ... Il en va de même pour le bon fonctionnement des blanchisseries de tous ces établissements et des commerces alimentaires qui ont pris provisoirement le relais de la restauration collective et commerciale. Pour continuer de fonctionner, tous ces sites essentiels doivent pouvoir bénéficier à minima d’une maintenance technique et de la disponibilité de pièces de rechange. Pour permettre de créer les conditions de cette nécessaire continuité de service et d’un retour progressif à l’activité, conformément aux instructions du Gouvernement autorisant les établissements industriels à fonctionner dans le respect des règles sanitaires, il est indispensable :
  • que toutes les entreprises de la chaîne de production, de service et logistique, en concertation avec les CSE, adaptent scrupuleusement leur environnement de travail en mettant en place les mesures organisationnelles, collectives et individuelles qui permettent d’assurer la sécurité sanitaire de tous : distances de sécurité, gestes barrières, mise à disposition d’équipements individuels (gants, masques...), produits désinfectants, lavage des vêtements de travail, nouvelle organisation du travail avec l’aide des bureaux d’études spécialisés ... ;
  • que nos collaborateurs, après les soignants et les populations à risque, fassent partie des personnels prioritaires dans l’attribution d’équipements de protection individuels (gel, masques) ;
  • que, dès lors que les conditions de sécurité sont réunies, les exploitants de cuisines professionnelles permettent l’accès aux techniciens de maintenance et réceptionnent les équipements déjà commandés, et que les chantiers demeurent ouverts aux livraisons et à l’installation des équipements ;
  • qu’un soutien supplémentaire soit apporté pour assurer un approvisionnement plus large et continu en marchandises afin de maintenir la production industrielle ;
  • que l’approvisionnement des industries ne soit pas exagérément entravé par des contraintes de libre circulation des marchandises au sein de l’UE.
Nos organisations se sont données pour mission de susciter la confiance et la sérénité nécessaires pour travailler, même en mode dégradé. Dès que les conditions sanitaires le permettront à nouveau, il est essentiel que notre filière soit en mesure, par le maintien de sa capacité industrielle, de ses services et de ses compétences, de retrouver le plus rapidement possible le niveau d’activité rendu nécessaire par le retour à la vie normale de l’ensemble de nos concitoyens ».